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Psychogénéalogie ou analyse transgénérationnelle : Comment faire la différence (et éviter les dérives)?


"Psychogénéalogie ou analyse transgénérationnelle : comment faire la différence (et éviter les dérives) ?"

Pourquoi faut-il distinguer psychogénéalogie et analyse transgénérationnelle ?


Comprendre les enjeux d’une différenciation nécessaire pour une pratique clinique éthique


Pourquoi différencier la psychogénéalogie de l’analyse transgénérationnelle ?

Cet article a pour objectif de clarifier l’identité et les pratiques regroupées sous le label de la psychogénéalogie, et d’en différencier les méthodes et les outils.

La diversité des pratiques qui revendiquent une affiliation à la psychogénéalogie, et/ou s’y réfèrent, floute le paysage de cette clinique : comment trouver son chemin sur une carte où les routes portent le même nom sans toutefois mener aux mêmes lieux ?

Le champ lexical de la psychogénéalogie — répétitions, syndrome anniversaire, « Fantôme et Crypte » — s’est vulgarisé, pour le meilleur et pour le moins bon.

Si la psychogénéalogie s’inscrit à l’origine dans une ambition clinique exigeante, elle a, au fil du temps, essaimé dans des directions multiples, parfois lumineuses, parfois dangereusement floues.

À l’heure où l’arbre généalogique devient un outil, autant de soin que de marketing, il devient urgent de tracer des lignes de partage.

Les titres de psychogénéalogiste, d’analyste transgénérationnel ou de psychanalyste transgénérationnel ne sont pas réglementés par l’État : c’est donc aux professionnels de l’accompagnement des processus transgénérationnels, et aux formateurs en ce domaine, d’informer le public sur ce que recouvre ce métier, les enjeux de la pratique et les dérives possibles.

Nota bene : les critiques formulées dans ce texte ne visent ni les disciplines en elles-mêmes, ni les pionniers qui en ont posé les fondements, souvent avec courage et rigueur. Elles s’adressent aux pratiques dévoyées, à certains écarts — parfois involontaires, parfois douteux — qui s’éloignent des intentions initiales des fondateurs, en particulier lorsqu’elles s’exercent sans cadre clinique ni travail personnel approfondi.

Nous croyons à la richesse de ces approches lorsqu’elles sont contenues, intégrées et incarnées dans une posture thérapeutique solide. Il ne s’agit donc pas de rejeter, mais de discerner. Car c’est dans la qualité du discernement que réside la véritable transmission.


Les racines historiques de la psychogénéalogie


Un contexte culturel fertile entre psychanalyse, spiritualité et développement personnel


1. Des années 70 à l’émergence du développement personnel

Le mouvement New Age fait émerger des pratiques thérapeutiques qui redonnent au corps et aux émotions une place que la psychanalyse classique - centrée sur le langage et le divan - semblait avoir oubliée.

Le cri primal, la Gestalt, l’analyse transactionnelle, l’ethnopsychiatrie remettent en jeu l’expérience du sujet dans son intégralité. Le « divan » devient un accessoire désuet, caricaturé, où l’analyste endormi ponctue de « hum » les récits de ses patients.

Le développement personnel s’invite dans cette brèche. L’inconscient collectif jungien se marie avec le LSD et les enseignements de Castaneda. Le karma, les vies antérieures, les rituels chamaniques et la pensée orientale viennent réenchanter les souffrances. Le sujet veut « vivre sans complexe », se libérer du passé, accéder à son « Soi » profond.


Une discipline entre rigueur clinique et imaginaire symbolique


Les deux courants fondateurs de la psychogénéalogie moderne


2. Une double origine : le psy et le chaman

C’est dans ce climat que naît la psychogénéalogie, en 1972.

Elle s’enracine dans le travail du couple de psychanalystes Nicolas Abraham et Maria Torok sur la « Crypte et les Fantômes », pour désigner ces contenus psychiques non refoulés — car étrangers au vécu du sujet — transmis « en creux », d’inconscient à inconscient, de génération en génération (de crypte à crypte).

Freud, déjà, évoquait le retour de l’aïeule dans L’inquiétante étrangeté, à propos de contenus psychiques qui résistent à l’analyse.

Le travail de ces pionniers séduit des psychanalystes tels que Claude Nachin, Didier Dumas et quelques autres…

C’est à Anne Ancelin Schützenberger que l’on doit la vulgarisation de cette approche : le succès mondial de Aïe, mes aïeux ! participe au développement de la psychogénéalogie.

Pourtant, une autre figure emblématique — Alejandro Jodorowsky (écrivain, cinéaste, tarologue doté d’une grande intuition) — revendique la paternité du mot psychogénéalogie.

Dès le départ, la discipline porte donc en elle une tension féconde — et dangereuse : entre quête artistique et clinique du lien, entre rituel symbolique et travail analytique.

Pour Anne Ancelin, la psychogénéalogie est un outil clinique, un prolongement du travail analytique à l’échelle de la lignée. Pour Jodorowsky, elle devient un art thérapeutique, fondé sur l’imaginaire, les actes psychomagiques, les messages des morts.

Deux visions, deux postures. Deux courants qui se développeront parallèlement.

La mémoire familiale inconsciente


Fantômes, transmissions et répétitions : un héritage qui agit dans l’ombre


3. Héritages invisibles et travail d’antidestin

La psychogénéalogie part du postulat que certains traumatismes non digérés, certains silences ou secrets de famille, continuent d’agir sur les descendants. Le sujet souffre d’un symptôme qui ne lui appartient pas. Il porte une valise qui n’est pas la sienne.

Les dates anniversaires, les prénoms récurrents, les accidents étrangement répétés deviennent des indices. Le patient devient détective de son propre passé.

C’est ce que Didier Dumas nommera le « Fantôme racine » : cette douleur ancestrale qui revient hanter le présent.


Fantômes dans la clinique : entre expérience subjective et structure symbolique


Quand l’inconscient familial se manifeste dans l’espace thérapeutique


4. Le retour du Fantôme dans la Clinique

Le transfert des mots Crypte et Fantômes (hantise, possession...) du monde folklorique au champ psychanalytique ne supprime pas la trace de leur origine. Cela peut éclairer les confusions, tant dans les constellations que dans la clinique transgénérationnelle, sur ce qui est de l’ordre du Phantasme (avec “ph”, volontairement) — du registre des croyances, des peurs et des énergies clivées.

Les concepts de Crypte et de Fantômes (la majuscule est censée les différencier du folklore) projettent sur les pratiques les ombres des croyances autour de ce qu’on pourrait appeler la “clinique des morts”.

Dans la pratique clinique, ce retour du Fantôme n’est pas qu’un concept : il se manifeste concrètement. Froid soudain dans la pièce, confusion de pensée, émotions intenses, perceptions partagées… Le groupe, et/ou le thérapeute, peuvent ressentir physiquement la présence d’une énergie étrange qui “envahit” l’espace thérapeutique — comme si la peau groupale favorisait une synchronisation des cerveaux.

Ces phénomènes — que certains nomment « énergie du champ » — ne sont pas à rejeter. Mais leur interprétation dépend entièrement du cadre et de la posture thérapeutique. Le clinicien formé saura accueillir, contenir, symboliser. Le praticien non formé pourra y projeter des croyances, voire de la toute-puissance.


L’analyse transgénérationnelle selon Généapsy


Une approche clinique intégrative et différenciée


5. L’analyse transgénérationnelle selon Généapsy

Face à la diversité et aux dérives possibles, Généapsy a choisi une voie exigeante : celle de l’analyse transgénérationnelle.

Ni psychanalyse stricte, ni psychogénéalogie galvaudée, cette approche clinique intégrative articule plusieurs dimensions :

  • les faits (état civil, chronologie, récits familiaux),

  • les ressentis et émotions du patient,

  • l’histoire sociale et culturelle,

  • les manifestations symboliques et fantomatiques,

  • une lecture systémique et analytique du génosociogramme.

Elle accueille la part d’intuition, mais la soumet à l’épreuve du contexte : culture, croyances du sujet, temporalité psychique.

Généapsy réussit ainsi un mariage alchimique entre réel et imaginaire, retour du refoulé et retour du généalogique, histoire du sujet et préhistoire, intrapsychique et transgénérationnel : une écoute du vivant, de l’émergent, mais toujours ancrée, différenciée, mise en mots.


Explorer l’arbre généalogique sans tomber dans le piège des répétitions imposées


De l’outil symbolique à l’accompagnement sur mesure


Analyse transgénérationnelle : tissage entre l’histoire et la préhistoire du sujet

Là où la psychanalyse vise à faire émerger le refoulé de l’histoire du sujet, la psychogénéalogie — lorsqu’elle est pratiquée avec rigueur — s’intéresse à ce qui précède : à la pré-histoire du sujet, à ce qui a été transmis sans avoir été dit, pensé ou symbolisé.

Entre le retour du refoulé freudien et le retour du Fantôme d’Abraham, Torok ou Dumas, se dessine une zone floue mais féconde, où la parole du patient se tisse avec celle des absents.

Chez Généapsy, nous « tricotons » l’intrapsychique et le transgénérationnel à partir de ce qui empêche : ce que le sujet vit, répète, ou ne parvient pas à dépasser dans son présent.

Ce sont souvent les crises de passage (naissance, séparation, maladie, deuil, reconversion…) qui viennent réactiver les « colis en souffrance » familiaux, oubliés dans les consignes des gares de triage.

C’est à ce moment-là que les dates, les âges, les commémorations prennent tout leur sens — non comme preuve, mais comme piste de sens à explorer.

Aller regarder un arbre généalogique en cherchant uniquement les répétitions, sans passer par l’anamnèse de l’histoire du sujet, revient à plaquer sur lui un scénario déjà écrit. C’est risquer de transformer une observation en dogme, et d’enfermer le patient dans une lecture autoritaire de son destin :

« Ce qui se répète doit avoir un sens »« Si ça se reproduit, c’est que tu portes quelque chose »

Chez Généapsy, nous refusons cette logique d’assignation.Nous ne lisons pas l’arbre à la place du sujet.Nous l’explorons avec lui, à partir de lui — et non contre lui.

Comme l’écrit Marc-Alain Ouaknin :« Lorsque une seule interprétation fait la loi, alors le verbe être ne se conjugue plus au futur. »

Constellations familiales : entre puissance du rituel et danger de dérive


Pour une intégration thérapeutique éthique et accompagnée


6. Constellations : entre théâtre, clinique et mysticisme

Les constellations familiales, dans leur version originelle (Bert Hellinger), proposent une mise en scène du système familial à travers des représentants.

Mais sans cadre clinique, ces pratiques peuvent rapidement glisser vers une rigidité du cadre en imitation pieuse de la pratique du maître.

Les participants sont alors fortement invités à répéter des mantras tels que :

  • « Pardonne à ton agresseur »

  • « Honore tes parents, quels que soient leurs torts »

  • « Accepte l’ordre du système »

Respecter l’ordre des générations est une évidence.Respecter une vision du monde dogmatique et paternaliste en est une autre.

Les constellations attirent aussi des apprentis sorciers — non ou mal formés — qui s’auto-proclament chamans, médiums… et projettent sur les constellés leur ombre jamais éclairée par un travail personnel ou une supervision.

Attention! L’intuition est une fonction exigeante : elle requiert un cadre solide pour se vivre en sécurité.

Le « Soi » (archétype jungien de la totalité de la psyché) peut alors projeter son double diabolique sur des groupes animés par le désir d'intégrer un noyau spirituel lumineux, mais menés par un constellateur qui se comporte en officiant éclairé... ou qui s’en donne le rôle.

Chez Généapsy, les constellations sont intégrées à un processus thérapeutique global. Elles ne sont ni des rituels magiques, ni des révélations instantanées, mais des outils symboliques encadrés. Le patient est préparé, accompagné, et les images sont élaborées, pas figées en vérités.


🎧 Nous vous invitons à écouter les podcasts de Maud Pannequin sur le cadre des constellations, et à suivre son analyse de la série Le chemin de l'Olivier, pour rencontrer la posture des maîtres constellateurs·trices qu’elle forme au sein de l’Institut.


Quand la psychogénéalogie devient spectacle : alerte sur les dérives


L’illusion du soin sans cadre : coachs, rituels et marketing de la souffrance


7. Psychogénéalogie sans filets : les dérives

À mesure que la discipline se vulgarise, certaines pratiques s’en emparent sans précaution ni encadrement :

  • coachs autoproclamés « libérateurs de lignées »,

  • constellations non supervisées,

  • lectures de l’arbre par des médiums,

  • formations express en ligne,

  • promesses de « guérison immédiate » par un rituel.

Ces usages flous, parfois sectaires, ont attiré l’attention de la Miviludes, qui alerte sur les dérives possibles :

  • discours culpabilisants,

  • ruptures familiales induites,

  • confusion entre soin et croyance,

  • dépendance au praticien.

Ici, le symptôme devient la preuve d’une faute, et le sujet se retrouve piégé dans un récit dont il perd la clé.


Science dévoyée : entre biologie symbolique et messages de l’épigénétique


L’importance de protéger le savoir des interprétations hasardeuses


8. Le piège du dévoiement scientifique : décodage biologique et épigénétique

Le décodage biologique, qui cherchait initialement une lecture symbolique des maladies dans une démarche méthodique et clinique, a été récupéré et simplifié à outrance :

« Ta bronchite ? C’est un non-dit de ta grand-mère. »

Cette approche devient alors un livre de recettes qui nie la singularité du sujet.

Quant à l’épigénétique — discipline scientifique sérieuse sur la transmission des effets du trauma — elle est aujourd’hui récupérée à tort pour légitimer des pratiques ésotériques :

  • « Reprogrammation de l’ADN »

  • « Mémoire cellulaire »

Le public, mal informé, confond alors génétique, destin et karma.

Ce détournement du savoir dessert la clinique. Il discrédite les praticiens rigoureux. Et il détourne les patients de leur propre subjectivité.

Revenir à l’essence thérapeutique

Vers une psychogénéalogie vivante, contenue, incarnée


Conclusion

La psychogénéalogie, dans sa forme la plus noble, est une invitation à réconcilier passé et présent, à relier les fils invisibles entre générations pour mieux s’en dégager.

Mais comme tout outil puissant, elle nécessite :

  • un cadre structurant,

  • une éthique exigeante,

  • une formation solide,

  • une humilité constante.

Il est donc essentiel, pour toute personne en quête de formation ou d’accompagnement, de se renseigner minutieusement sur :

  • les écoles,

  • les référentiels théoriques,

  • l’expérience clinique des formateurs,

  • et leur inscription dans un cadre éthique clair.

Une formation sérieuse se reconnaît à sa capacité à encadrer le travail symbolique, pas à le spectaculariser.

Chez Généapsy, nous croyons en une clinique vivante, incarnée, symbolique. Nous ne cherchons pas à apaiser les morts. Nous accompagnons les vivants dans leur processus d’intégration de leur héritage transgénérationnel.

Simone Cordier     Directrice générale et pédagogique de Généapsy®
Simone Cordier Directrice générale et pédagogique de Généapsy®

🎓 Prêt·e à explorer les transmissions invisibles avec rigueur et conscience ?

Chez Généapsy, nous vous formons à une pratique clinique du transgénérationnel : éthique, incarnée, exigeante.


📚 Le prochain Niveau 1 en format accéléré vous permet d’entrer dans cette approche en posant des fondations solides, loin des lectures simplistes et des dérives.


🌿 Et si vous souhaitez approfondir le travail symbolique par le corps et l’image, notre formation aux constellations familiales démarre en août : un cycle encadré, supervisé, ancré dans une posture thérapeutique contenante.


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